Ma vie à l'uni

Mon Bachelor à l’université de Lausanne

Un témoignage sur le Bachelor ès Lettres par Nathalie Kiepe

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    Mon Bachelor ès Lettres à Lausanne a commencé en septembre 2019. Je me souviens avoir choisi la faculté des lettres après avoir fait quelques séances de « tourisme » académique : après être arrivée à la conclusion que mon premier choix d’étudier la médecine n’était pas une bonne idée et après mon exmatriculation de l’université et de la faculté de médecine au mois de mars 2019, j’ai profité de ce nouveau temps libre pour découvrir ce que je voulais faire à la place. Je suis allée à différents cours et séminaires de différentes facultés, dans différentes universités, et c’est à Lausanne en philosophie, anglais et français que j’ai trouvé mon bonheur.

    En commençant mon Bachelor, j’avais la ferme intention d’enseigner après un master, que je comptais faire en anglais, et français ou philosophie. Pour la même raison, je souhaitais  faire un échange universitaire, étant donné que le séjour dans un pays dont la langue étrangère enseignée est la langue officielle est un critère d’admission à la HEP. En trois ans, mes plans ont – encore une fois – changé de manière assez spectaculaire. Je me suis rendue compte que j’avais plein de préjugés à l’encontre de la faculté des Lettres, surtout en ce qui concerne l’entrée dans le monde professionnel. Au début, je voyais les Lettres comme un choix avec deux seules options: soit on enseigne, soit on est au chômage. Certes, pour l’heure je n’ai pas fini mon master, mais aujourd’hui j’ai conscience qu’il y a d’autres options.  Certes, l’entrée dans le monde professionnel peut faire peur ; néanmoins je pense qu’il y a des alternatives possibles en dehors de l’enseignement (et du chômage, espérons-le !). C’est ce que j’ai pu constater durant mon Bachelor, étant donné que je souhaitais et devais travailler à côté des mes études.

    J’ai décidé de profiter de la première année pour également passer le Goethe Zertifikat C2 en allemand. En effet, même si je suis de langue maternelle allemande, je ne me sentais pas très à l’aise et pas très légitime en allemand comme j’avais fait toute ma scolarité en Suisse romande. Une fois ce certificat en poche, j’en ai profité pour postuler au début du deuxième semestre pour un job d’étudiant dans une maison d’édition. LE poste me semblait parfait: ils étaient à la recherche de quelqu’un qui parlait allemand, français et anglais. C’était une très belle preuve comme quoi, malgré leur prix parfois élevé, ces certificats peuvent apporter une véritable plus-value à un CV.

    Sur le plan académique, étudier la philosophie après deux ans de « pause » lors de mon passage à l’école de médecine était un challenge. La faculté de médecine à Lausanne, à l’époque, n’avait pas de concours ni de Numerus Clausus comme dans les facultés de médecine en Suisse allemande. Donc, la première année, c’est compliqué : les barèmes sont affreux, et les résultats d’examens sont une gifle pour l’écrasante majorité des personnes, même si on « sait » que ce n’est qu’une minorité de personnes qui passe leurs examens du premier coup. Donc, après ce passage dans un auditoire surpeuplé au climat variant entre neutre à hostile, ma confiance en moi était au plus bas et le niveau de stress n’avait pas encore baissé. Quelle surprise de voir que, en fait, dans la bibliographie suggérée, il n’était pas attendu des étudiants qu’ils aient lu TOUTE l’œuvre de Platon, TOUTE l’œuvre d’Aristote, et j’en passe, pour passer les premiers examens, mais uniquement les extraits demandés… 

    Les travaux pratiques en première année en philosophie nous permettent de nous familiariser avec les méthodes de travail : l’exercice de la dissertation (qui sera proposée à l’examen) et l’analyse de texte (également proposée aux examens de première année). Ils sont des moments à utiliser intelligemment : c’est-à-dire la participation, votre participation, fait toute la différence. Il faut se rendre compte que ces travaux pratiques sont là pour vous, et ne sont pas juste une tâche scolaire où il faut faire acte de présence. C’est à ce moment-là que vous pouvez poser des questions et faire des erreurs sans conséquence, alors mon conseil est de ne pas se gêner, même si le climat est un peu étrange car les bancs de première année restent, même en lettres, bien remplis.

    En ce qui concerne la section de philosophie à Lausanne, il faut savoir qu’elle est assez petite. Il y a 4 chaires de philosophie : la philosophie antique et médiévale, la philosophie des sciences, la philosophie moderne et contemporaine et la philosophie générale et systématique. C’est une section assez petite comparée à d’autres départements de philosophie en Suisse. Ce qui est particulier à Lausanne, c’est la diversité: en Bachelor de Lettres, chaque étudiant choisit plusieurs disciplines (en propédeutique il y a trois disciplines, et ensuite soit on continue avec deux, soit on conserve les trois, mais la troisième avec nettement moins de crédits). De ce fait, il y a des personnes avec des intérêts très différents qui sont en philosophie. Par exemple, les questions d’un étudiant qui a comme disciplines du bachelor l’histoire de l’art et la philosophie seront très différentes par rapport à quelqu’un qui fait par exemple de la linguistique et de la philosophie, ou des sciences sociales et de la philosophie. Personnellement, je trouve que cette diversité est une richesse, car les étudiants ont parfois des questions qui ne nous seraient pas venues spontanément, et les discussions sont toujours très intéressantes.

    Un autre point fort de Lausanne et de son campus est le programme sciences au carré : pour les étudiants qui s’intéressent aux sciences dites « dures », mais qui sont en sciences humaines, ce programme propose des cours qui introduisent des notions scientifiques et les discutent au travers de questionnement des sciences humaines. Ainsi, en troisième année, j’avais décidé de suivre le cours de « génétique - gêne éthique » qui nous introduisait les notions clés de la génétique, et durant lequel nous avons discuté et débattu des questions d’actualité comme la modification du génome dans les organismes vivants, plantes, animaux et humains.

    Là où je recommanderai un peu de précaution serait en cas d’intérêt accru pour la logique, par exemple. Nous avons eu un cours d’introduction de logique en première année, et bien que j’aie beaucoup apprécié le cours, je me suis rendue compte par la suite de mes études que faire un peu plus de logique aurait été bénéfique pour moi. Il n’y a pas de professeur « fixe » de logique, c’est pourquoi d’année en année la logique est enseignée par des personnes différentes.

    Un autre point fort de Lausanne est sa souplesse en matière d’échanges universitaires. Je n’ai eu aucun souci pour changer des cours en cours d’échange. Les interactions avec le responsable de la mobilité pour la section de philosophie se sont faites rapidement et efficacement, ce qui est très appréciable.